JOURNALISTE NGUYỄN SĨ ĐẠI ÉCRIT SUR ĐIỀM PHÙNG THỊ

Peut-être à partir d’une boulette de terre jetée sur le rebord de la fênetre, il serait facile de penser que, la boulette d’après recouvrant celle d’avant, ce qui vient d’être formé change de forme pour devenir quelque chose de nouveau. Il ne s’agit donc pas de créer un corps simple mais de savoir composer. D’ailleurs, tout comme en philosophie, pour percevoir l’infiniment grand de l’univers, il faut partir des notions de base. L’image nous en est donnée par le Livre des Mytations, notamment, où l’on ne trouve rien d’autre que les diagrammes continus et discontinus et leur agencement. Des éléments, Diem Phung Thi n’en a certes que sept dont, tout compte fait, nous n’allons garder que deux, à savoir le rond et le carré qui peuvent se réduire, à l’extrême limite, au seul carré, lequel est essentiellement de base (cette simplification radicale tient en partie à son savoir – faire partager (entre la curiosité et la paresse: car le rond est plus long à parfaire que le carré). Après tout, ces deux formes en créent d’autres, celles-ci à côté de celles-là et les unes sur les autres…

“Je suis paresseuse” pour rester longtemps sur une oeuvre dit-elle. Il n’empêche que, en 1994, elle a réalisé 40 tableaux et, en 1995, 75 sculptures (dont quelques-unes anciennes), ce qui lui a permis de faire cette fois une exposition à Hanoi et d’émerveiller la population de la capitale. À la lecture des titres tels que Le Maitre, Habit du “Tết” du petit frère…, je pense à cette mémoire d’artiste ressucitant la fillette d’un temps révolu aimant les jeux et les couleurs. Il y a dans cette richesse tout ce qui vous fait penser tour à tour à de l’ex-voto, à des futilités et à du mystique. Cet art fait de recueillement d’un côté, de parure, d’une facture non commune de l’autre, déconcerte, captive et inquiète…

Nguyen Si Dai

Journaliste, 1995